Le personnel affecté au nettoyage et à la désinfection des mélangeurs, pétrisseurs et autres machines fait face à un dilemme constant : conjuguer l’hygiène alimentaire sans sacrifier sa santé et sa sécurité.
Les machines que ce personnel utilise génèrent toutefois des risques importants pour la santé et la sécurité de la main-d'œuvre. Cela est tout particulièrement vrai lors du nettoyage et de la désinfection des machines, des activités nécessaires pour détruire les microorganismes pathogènes.
Il y a lieu de croire que le personnel affecté au nettoyage et à la désinfection des machines industrielles du milieu agroalimentaire peut parfois mettre son intégrité physique à risque. Pour nettoyer tous les recoins et les surfaces éloignées, la personne affectée à ces tâches doit par définition accéder à des zones dangereuses. Or, cela peut contrevenir aux principes élémentaires de sécurité des machines.
Une étude exploratoire a été menée récemment pour documenter ce dilemme entre efficacité et sécurité. Cette étude s’est entre autres intéressée aux liens, nombreux, entre la conception des machines agroalimentaires et les activités de nettoyage et de désinfection.
Des risques nombreux
Cette analyse s’articule autour d’entrevues semi-dirigées avec des préposées et préposés au nettoyage et à la désinfection, des contremaîtres, des responsables de la SST, etc., ainsi que de visites réalisées dans huit usines situées au Québec et en France. Ces démarches ont été précédées d’une revue des accidents survenus dans ce secteur, effectuée grâce à une base de données française. Le but : déterminer les événements attribuables aux activités de nettoyage et de désinfection des machines et mieux caractériser leur nature. Cette analyse a révélé qu’une intervention en cours de fonctionnement, un risque inhérent à la conception des machines et une formation insuffisante sont les facteurs de risques qui causent des accidents.
Les entretiens et observations en entreprise brossent un portrait plus précis des exigences reliées à l’entretien de machines agroalimentaires, soit prélavage, frottage, rinçage… Ce personnel réalise les tâches la nuit, dans un contexte d’urgence et de constants changements, caractéristiques de l’industrie agroalimentaire. Bien qu’on lui en demande beaucoup, on ne considère pas toujours son travail à sa juste valeur, ce qui peut occasionner un fort taux de roulement.
Face à des difficultés de recrutement récurrentes, il n’est pas rare de recourir à des travailleuses et travailleurs d’agences temporaires.
Plusieurs situations dangereuses pour la santé et la sécurité de cette main-d’oeuvre ont été relevées. Les risques sont aussi bien chimiques, biologiques, mécaniques, physiques et psychosociaux qu’attribuables au non-respect des principes ergonomiques. L’ajout de protecteurs démontables sur les machines, loin de tout régler, apporte plutôt de nouvelles contraintes à celles qui existent déjà : plus de surfaces à nettoyer, postures de travail moins libres, efforts accrus, pression temporelle exacerbée, et ainsi de suite.
De meilleures machines ?
Bien qu’exploratoire, cette étude permet néanmoins de tirer certaines conclusions quant aux moyens de réduire les risques que présentent les phases de nettoyage et de désinfection des machines du domaine agroalimentaire. Il faut penser à ces réalités dès la conception des machines, par exemple en y incluant des surfaces autonettoyantes ou des protecteurs plus facilement démontables.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le rapport
ici
Source : IRSST